On a assisté à une grande agitation dans les stations-service de la capitale, ce week-end, preuve d’une psychose de hausse des prix des carburants chez les automobilistes. Chacun voulant faire le plein, en attendant que ne soit pris l’arrêté relatif à cet éventuel réajustement, devenu presqu’irréversible, par un gouvernement qui n’a pas les yeux en face des trous.
On pourrait dire sans risque de se tromper que les dés sont désormais jetés pour ce qui est d’une éventuelle hausse des prix des carburants à la pompe. Hausse qui pourrait survenir de façon imminente. Sauf miracle.
Car le gouvernement y tient fermement. Étant l’un des leviers à sa portée, pour renflouer ses caisses obérées. Des caisses qui serviraient plus à satisfaire la boulimie des gouvernants qu’à combler les attentes de la populace. C’est pourquoi, rien ne pourrait réfréner cette envie vorace de faire la poche des Guinéens. Même un remake des convulsions sociopolitiques qui ont éclaté en prélude aux scrutins du 22 mars et du 18 octobre 2020. Que nenni.
Avec un exécutif qui n’a pas les yeux en face des trous, il ne faut pas s’attendre à de l’empathie envers les populations.
C’est ce qui explique d’ailleurs cette propension des ministres de la République à monter sur leurs grands chevaux pour justifier cette hausse en vue des prix à la pompe. En claironnant sur tous les toits que 9 mille francs, c’est petit.
Kassory Fofana, Tibou Kamara, Diakaria Koulibaly, respectivement Premier ministre, ministre de l’Industrie et porte-parole du gouvernement, ministre des Hydrocarbures, chacun y va de sa petite musique, avec les mêmes Eléments de langage (EDL), concoctés au palais. Pour faire admettre au peuple que l’État subventionne le carburant à la pompe. Ce que démentent pourtant des cadors de la finance, comme Dr Ousmane Kaba et Cellou Dalein Diallo. Tous deux d’anciens hauts commis de l’État, rompus dans l’art de gérer un pays.
Le gouvernement qui est sur la brèche, va certainement jouer les jusqu’au-boutistes. Même sans avoir l’adhésion de l’opinion, dans ce débat polémique autour de la structure des prix des produits pétroliers, sur fond d’échanges parfois à fleurets peu mouchetés.
Tout ça nous amène à dire qu’en lieu et place du blanc promis aux Guinéens par Alpha Condé, une fois réélu pour un troisième mandat, c’est plutôt le pain noir qui continue de leur être servi. Comme si toute cette propagande digne d’experts en agitprop, n’était qu’une entourloupette. De quoi donner raison à Jacques Chirac qui disait que « la promesse n’engage que ceux qui y croient ».
Ce passage en force opéré par le président, après deux mandats, au bilan mi-figue mi-raisin, n’avait rien à envier à l’Armageddon. Tant la bataille entre opposants au troisième mandat et forces de défense et de sécurité fut cruelle.
En attendant que justice soit faite pour les victimes de cette cruauté, les pauvres populations s’attendaient au moins à bénéficier du fruit de la prospérité, tant vanté par le gouvernement. Mais il n’en est rien. Ce n’était en réalité que le miroir aux alouettes. Et les Guinéens sont en train de s’en rendre compte, à regret.
Mamadou Dian Baldé