Les discours de haine à l’approche de la présidentielle du 18 octobre prochain inquiètent visiblement les Nations Unies. Dans un communiqué dont copie a été transmise à Mediaguinee, l’ONU appelle ”les responsables politiques, en particulier les candidats à la prochaine élection présidentielle en Guinée, de s’abstenir d’invoquer des affiliations ethniques et d’utiliser un langage provocateur, lesquels pourraient conduire à de la violence, à de la discrimination et à d’autres violations des droits de l’homme”. Communiqué…
GENÈVE / NEW YORK (7 octobre 2020) – Les responsables politiques, en particulier les candidats à la prochaine élection présidentielle en Guinée, devraient s’abstenir d’invoquer des affiliations ethniques et d’utiliser un langage provocateur, lesquels pourraient conduire à de la violence, à de la discrimination et à d’autres violations des droits de l’homme, ont déclaré ce mercredi Michelle Bachelet, Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, et Pramila Patten, Conseillère spéciale par intérim pour la prévention génocide et Représentante spéciale chargée de la question des violences sexuelles commises en période de conflit.
À l’approche des élections, prévues le 18 octobre, les appels aux affiliations ethniques, en particulier aux ethnies Malinké et Peuhl, ont été de plus en plus répandus et ont créé des divisions pendant la campagne. Les candidats ont également suggéré que des actes de violence pourraient suivre l’annonce des résultats.
“Compte tenu de l’histoire de la violence intercommunautaire en Guinée, je suis profondément préoccupée par une rhétorique aussi dangereuse de la part des responsables politiques, qui pourrait, dans certains cas, constituer une incitation à l’hostilité, à la discrimination ou à la violence”, a déclaré Mme Bachelet. “Il y a déjà des signes sérieux d’une augmentation de l’intolérance et des affrontements, notamment parmi des groupes de jeunes, et des médias qui amplifient les messages de haine”.
Michelle Bachelet a appelé tous les candidats à s’abstenir d’attiser les divisions ethniques, à condamner l’incitation à l’hostilité, à la discrimination ou à la violence, et à s’engager à garantir que les guinéens puissent exercer leurs droits à la liberté d’expression, à la réunion pacifique et à la participation au processus électoral sans violence ni intimidation, et sans discrimination.
Pramila Patten a appelé tous les partis guinéens à s’abstenir d’instrumentaliser l’ethnicité ou de toutes manipulations qui sèment les graines de la division à des fins politiques. “De telles manœuvres sont extrêmement dangereuses et doivent être stoppées. Tout individu responsable d’incitation à la violence ou à commettre des atrocités sera tôt ou tard tenu responsable de ses actes devant un tribunal national ou international”, a-t-elle déclaré.
Pramila Patten a rappelé au gouvernement sa responsabilité première de protéger toutes ses populations contre les actes de violence, indépendamment de leur appartenance ethnique ou politique. Elle a appelé toutes les parties concernées à s’engager résolument au dialogue afin de garantir un processus électoral pacifique et transparent.
Pramila Patten et Michelle Bachelet ont également appelé à la responsabilité concernant l’usage excessif de la force par les forces de sécurité lors des manifestations d’octobre 2019 et de mars 2020. Bien que le gouvernement ait annoncé des enquêtes sur les violences, notamment les meurtres, il n’y a pas eu davantage d’informations sur leurs résultats.
Pramila Patten a également lancé un appel à tous les acteurs politiques guinéens afin qu’ils envoient un message fort portant sur l’interdiction catégorique du recours aux violences sexuelles. Elle a rappelé les événements du 28 septembre 2009 à Conakry, où au moins 109 femmes et filles ont été victimes de violences sexuelles en raison de leur appartenance politique. Onze ans plus tard, Mme Patten a averti que la violence sexuelle reste, dans de nombreux contextes, un outil pour intimider et punir les opposants politiques, les membres de leur famille et les femmes qui défendent les droits de l’homme dans le contexte des crises politiques.