Théoriquement, la présidentielle guinéenne est prévue pour le 18 octobre prochain. C’est en tout cas, la date fixée par la commission électorale nationale indépendante, entérinée par le Président Alpha Condé.
Seulement voilà, le principal intéressé, lors de la convention de son parti, le RPG, début du mois en cours, lui désignant pour être le candidat pour la présidentielle, a déclaré qu’il « prenait acte », sans se prononcer clairement sur le sujet.
Alors, qu’est-il exactement de la candidature du Président Alpha Condé pour le 18 octobre prochain?
De nos investigations, il ressort que la nuit a porté conseil au palais Sekhoutouréah.
Primo, les amis Présidents de la sous-région ouest-africaine du chef d’Etat guinéen, qui était autrefois adulé et admiré se sont réduit à la portion congrue. Suivez notre regard.
Le Président du Niger, Mahamadou Issoufou, a clairement fait savoir que ces compatriotes sont 22 millions de Nigériens qui peuvent valablement se présenter aux élections et faire l’affaire des nigériens. Pour le dire en un mot comme en mille, Mahamadou Issoufou ne sera pas candidat pour un troisième mandat.
En Côte d’Ivoire, Alhassane Dramane Ouattara, le Conseiller économique du chef de l’Etat guinéen, qui a officiellement annoncé sa candidature pour un troisième mandat, ne passerait pas de jours tranquilles au palais. Ses alliés d’hier que sont Henry Konan Bédié, Guillaume Soro et bien d’autres se sont ajoutés à ses ennemis d’hier que sont Laurent Gbago, Charles Blé Goudé entre autres, pour lui déclaré la « guerre ».
L’ancien Directeur Général du FMI est contesté jusque dans son propre camp, le RHDP qui ressemble aujourd’hui à une coquille vide. Dans la maison RHDP selon les analystes de la politique ivoirienne, il ne reste plus que le Président Ouattara et son Ministre de la Défense, Ahmed Bakayoko.
Au Mali, la cause a été entendue, puisque le désormais ancien Président Ibrahima Boubacar Kéita et ami du Président guinéen, a changé de palais. Du palais de Koulikoro sur la colline, il est désormais dans un palais aux mains des militaires. Bien que les 15 Présidents de la CEDEAO réclament à tue tête, le retour à l’ordre constitutionnel, tout porte à croire que la page IBK a été tournée, puisque la France condamne certes le coup d’Etat, mais la puissance coloniale ne se borne pas au retour de IBK au pouvoir. En témoigne les propos tenus jeudi par le Président Emmanuel Macron à la résidence des Présidents français, lors d’une rencontre avec la chancelière allemande, Angela Merkel.
Le Sénégal dans tout ça ?. C’est un secret de polichinelle. Les relations entre les Présidents Macky Sall et Alpha Condé, n’ont jamais été au beau fixe.
En Guinée Bissao, le candidat que soutenait Alpha Condé à la présidentielle n’a pas été élu.
Le Président élu, Oumarro Sissoko Emballo, qui considère le chef de l’Etat guinéen, comme un ennemi, ne porte pas de gan pour montrer son hostilité au Président guinéen. D’ailleurs, chez nos confrères de France24, Oumarro Sissoko Emballo, a déclaré qu’il est contre un troisième mandat pour le Président Alpha Condé, même si, selon le Président Bissau-guinéen, il appartient aux guinéens qui ont le dernier mot de décider.
Que dire des autres voisins anglophones, que sont le Libéria et la Sierra Léone ?
Les deux pays sont traumatisés par la guerre civile qui avait coûté la vie à des centaines de milliers de personnes, anéanti leur économie, causé des dégâts matériels importants et des destructions massives. Libériens et siéra léonais connaissent mieux que quiconque, l’importance de la paix et de la stabilité d’un pays. Au Libéria et en Sierra Léone, on ne parle pas de troisième mandat, mais plutôt de développement pour se relever des effets dévastateurs de la guerre civile.
Que dire de la puissance coloniale, la France ?
A propos, il faut dire que la politique économique du Président Alpha Condé, tournée vers la Chine et la Turquie au détriment de la France, n’a pas placé les relations franco-guinéennes sur orbite, loin s’en faut. La démonstration a été faite lors du double scrutin controversé du 22 mars dernier.
La France, à l’image de l’Union européenne et des Etats-Unis, ne reconnais pas ce double scrutin et a toujours dénoncé les violences et des morts d’hommes qui ont résulté des manifestations du FNDC, contre un troisième mandat pour Alpha Condé.
A l’interne, les principaux leaders politiques et la société civile, regroupés au sein du Front National pour la défense de la constitution, qui sont contre un troisième mandat pour le Président Alpha Condé ne désarment pas. L’un des meneurs de cette contestation, en prison depuis quatre mois, Oumar Sylla, alias Foniké Menguè, déclarait jeudi 20 Août 2020, lors de son procès, je cite « Si je mourrais aujourd’hui, de ma tombe, je lutterai contre le 3ème mandat d’Alpha Condé. ». C’est tout dire.
Que dire de l’’unité nationale et le bon voisinage entre les guinéens de toutes les régions ?. Elle est plus que jamais entamée. Les tueries de populations aussi bien à Conakry que dans le pays profond, notamment dans certaines préfectures de la Basse Guinée, en Guinée Forestière, au Foutah Djallon où l’on est allé jusqu’à tirer sur une ambulance pour tuer le chauffeur, excusez du peu la liste est longue, ont fragilisé le tissu social.
Le leader de l’UFDG, Cellou Dalein Diallo, à propos de ces tueries a déclaré que 195 personnes, ont été tués par « des militaires à la solde du Président Alpha Condé ».
Et ce ne sont pas les propos des partisans du Président Alpha Condé, notamment ceux de Amadou Damaro Camara, qui recolleront les morceaux de l’unité nationale.
Avec ces problèmes et biens d’autres, nos sources soutiennent, qu’il se pourrait que le Président Alpha Condé, reconsidère sa position de participer pour la troisième fois à une présidentielle, d’autant plus que lui-même avait combattu cette idée de royauté de s’éterniser au pouvoir en allant jusqu’à refuser de participer à la présidentielle de 2003, après une modification constitutionnelle.
Almamy Kalla CONTE
Fondateur de Guineelive