À moins de deux mois de l’élection présidentielle prévue le 28 décembre 2025, la Guinée retient son souffle. Le chef de la junte, général Mamadi Doumbouya, n’a toujours pas officialisé sa candidature, alimentant les spéculations et les tensions dans un paysage politique en recomposition. Pourtant, les textes juridiques guinéens encadrent strictement la participation des militaires à la vie politique, et la nouvelle Constitution adoptée le 21 septembre 2025 ne lève pas toutes les ambiguïtés.
Ce que dit le Statut général des militaires
La loi L/2019/0041/AN, portant Statut général des militaires, est claire : tout militaire en activité souhaitant briguer une fonction élective doit impérativement démissionner de l’armée. L’article 10 interdit explicitement l’adhésion à des groupements politiques, syndicaux, ethniques ou religieux. Quant à l’article 8, il proscrit toute prise de position publique sur des questions politiques ou de défense, quel que soit le canal utilisé — y compris les réseaux sociaux
En cas de candidature, le général Doumbouya devra donc rompre formellement avec ses fonctions militaires, sous peine de violer la loi. Ce préalable est d’autant plus crucial que sa position actuelle lui confère une visibilité et une influence considérables, susceptibles de biaiser l’équité du scrutin.
Une Constitution qui ouvre la voie… sans trancher
Cette absence de clause restrictive et les engagements pris par le chef de la junte, rendent difficile, la candidature du général Doumbouya, mais elle pose aussi la question de la neutralité institutionnelle. En effet, la transition avait été présentée comme un processus de refondation, non comme une rampe de lancement pour une ambition personnelle.
Le Code électoral et les délais légaux
Le Code électoral guinéen fixe le dépôt des candidatures entre le 27 octobre et le 3 novembre 2025, selon la Directrice générale des élections, Djénabou Touré. Passé ce délai, toute déclaration serait irrecevable. À ce jour, aucune annonce officielle n’a été faite par le chef de la transition, malgré les appels de ses partisans et les signaux envoyés par certains présidents de délégations spéciales, qui ont parrainé sa candidature
Une équation politique à plusieurs inconnues
La candidature du général Doumbouya, si elle se confirme, poserait un double défi : respecter les exigences légales du statut militaire et préserver la crédibilité du processus électoral. Elle interroge aussi sur la légitimité politique d’un dirigeant arrivé au pouvoir par un coup d’État en 2021, et sur sa capacité à incarner une transition démocratique sans rupture.
Dans un contexte marqué par la suspension de partis historiques comme l’UFDG et le RPG, et les difficultés rencontrées par les candidats indépendants pour obtenir des parrainages, le scrutin du 28 décembre s’annonce comme un test majeur pour la démocratie guinéenne.
Mohamed Camara












