The eleven accused stand as the session starts inside the new courthouse in Conakry on September 28, 2022 during the opening of the trial for the massacre of 156 people in September 2009. - The trial of former Guinean dictator Moussa Dadis Camara and other former officials over the September 28, 2009 stadium massacre opened on September 28, 2022, in the capital Conakry, an AFP correspondent reported. (Photo by CELLOU BINANI / AFP)

Près de deux (2) ans après son ouverture, le procès des événements du 28 septembre 2009 tire maintenant à son épilogue. Suivant son agenda, les juges du Tribunal de Dixinn, en charge du dossier, doivent rendre leur sentence, le 31 juillet courant, pour baisser les rideaux sur l’affaire.

Toutefois, à l’issue de ce verdict en première instance, les différentes voies de contestation aménagées par le législateur, comme garanties d’un procès juste et équitable, offrent des possibilités aux parties, de relancer encore la procédure judiciaire devant la Cour d’Appel de Conakry, en appel puis devant la Cour Suprême, par voie de cassation.

Dans l’attente de cette étape cruciale, il faut noter malheureusement que les débats développés jusque-là devant le prétoire de Dixinn, pendant de longues journées d’audience ont laissé dans l’opinion, un goût d’inachevé.

Contrairement à des éclaircissements sur la responsabilité pénale ou non des accusés ou des élucidations de faits de cette triste journée du 28 septembre et jours suivants, hélas le procès a tenu en haleine l’opinion souvent par des joutes oratoires creuses ou parfois des querelles de procédures juridico-judiciaires mesquines et partisanes, de différents acteurs.

Ainsi, alors qu’elle se conclut, la religion de l’opinion n’est pas encore éclairée sur bien des aspects fondamentaux de l’affaire. Et on en sort quasiment comme au commencement. Des doutes, des confusions ou des zones d’ombre qui ont la peau dure dans ce processus planent toujours sur des tenants et aboutissants de ces douloureux événements. C’est la raison pour laquelle, nous ne savons pas davantage sur le nombre de victimes, tuées, blessées, agressées sexuellement, de vandalisme et autres…ou bien qui sont l’ensemble des commanditaires, auteurs, coauteurs, complices et autres de différents crimes ? Les infractions commises relèvent-elles du droit international (crimes contre l’humanité, notamment).

Pourtant, malgré tout, au commencement comme encore aujourd’hui, la certitude demeure toujours que ce jour-là, au grand dam de tous, des crimes d’une ignominie indescriptible furent commis au stade de Conakry et, contre des citoyens pacifiques, dont le seul tort était d’avoir voulu s’exprimer sur la marche des affaires de la vie nationale. Les récits glaçants de victimes et proches de victimes et autres témoignages ont fait froid dans le dos et levé tout équivoque à ce propos.

En plus, l’autre certitude, ce n’est pas certainement la dizaine d’accusés qui comparait jusque-là, qui en est seule responsable. Sans nul doute, ils ne sont pas blancs comme neige des chefs d’accusation pour lesquels ils sont poursuivis. Mais, pour ma part, il y a bien un plus grand nombre de commanditaires, auteurs, coauteurs ou complices qui échapperaient encore à la vigilance de la Justice. Il y a davantage de preuves qu’il faille brandir au prétoire pour étayer l’affaire. Autrement, les crimes d’une telle ampleur n’auraient jamais pu être possibles dans ce laps de temps.

Aussi, l’instruction de l’affaire laisse l’opinion totalement sur sa faim. Dans cette matière, de meilleurs résultats, quant à l’opportunité de poursuivre ou pas les uns et les autres, auraient pu être présentés aux juges. Le niveau de répression requis par le ministère public est loin d’être proportionnel à la faute pénale poursuivie. Au nom de la société, des sanctions pénales exemplaires devraient pouvoir être sollicitées.

Néanmoins, malgré les insuffisances relevées çà et là, à juste raison, une chose au moins est sure, la Guinée fait un pas dans la bonne direction quant à la répression des violences, notamment les violences d’Etat qui, malheureusement ont jalonné l’histoire sociopolitique mouvementée de notre pays.

Maintenant, les juges du Tribunal de première instance de Dixinn ont rendez-vous avec l’histoire et le peuple de Guinée, le 31 juillet prochain. Dans le secret des délibérations et sur la base de l’intime conviction du juge, le Tribunal de Dixinn ne doit jamais oublier que le peuple martyr de Guinée qui, dans la triste posture de victime dans cette affaire, a un droit inaliénable à une sentence juste et équitable.

Dans tous les cas, le mérite du procès sera jugé par la seule exemplarité de sa sentence et sa capacité à mettre le pays à l’abri d’éventuelles infractions de cette nature, afin de permettre de bannir définitivement de nos mœurs politiques, la violence d’Etat.

Pour ma part, près de 15 ans après ce lundi noir, il est maintenant grand temps que la République agisse pour que les victimes et les proches des victimes aient aussi et surtout, droit à la réparation juste et équitable de l’ensemble des préjudices subis.

Enfin, il faudra après ériger une stèle sur une place publique en la mémoire des victimes du 28 septembre et que leurs noms soient inscrits en lettre d’or pour que le temps raconte mieux à la postérité ce pan douloureux de notre histoire nationale et qu’on murmure aux générations à venir tout le tort causé à des compatriotes, victimes des dérives de notre société. Sur le fronton de cette stèle, qu’on grave dans le marbre : AUX VICTIMES DU 28 SEPTEMBRE, LA RÉPUBLIQUE REPENTANTE ET RÉPARATRICE !

Massacres du 28 septembre, plus jamais ça !

Bangaly KEITA