Les Partisans du président légal et illégitime du Sénégal doivent certainement s’arracher le cheveux chaque fois que leur champion s’éloigne du texte préparé par ses officines pour improviser un discours.
Après avoir menacé la population dubitative d’aller faire don de leurs vaccins contre la Covid-19 à d’autres pays, voilà que monsieur Macky Sall frappe à nouveau ! Cette fois-ci, il renvoie tout simplement ses administrés, qui n’auraient pas les moyens d’honorer les tarifs exorbitants de l’autoroute à péage, à leur situation de «misérables damnés de la République», tout juste bons à endurer les secousses éreintantes des routes «alternatives» périlleuses qui, si l’on suit sa logique, ne méritent aucune attention de l’État.
Tristes propos sortis de la bouche d’un homme « élu » par un peuple pour assurer une offre de biens et services publics satisfaisante et équilibrée à tous.
Au-delà de la forme, déplorable comme souvent, monsieur Macky Sall a totalement faux dans le fond.
Certes, il est tout à fait admis qu’un péage soit la rémunération, la contrepartie d’un investissement public ou privé offrant un gain de temps à l’usager. Sauf qu’une autoroute n’est pas forcément payante car partout dans le monde, il existe des réseaux gratuits de qualité à côté des péages. Ce que monsieur Macky Sall ignore, c’est que les concessions d’autoroutes n’exonèrent pas les pouvoirs publics (États et collectivités locales) de leurs responsabilités par ailleurs, mais au contraire, doivent leur permettre de mieux se consacrer à l’amélioration des infrastructures secondaires.
La réalisation d’une autoroute à péage peut prendre la forme d’une concession, par laquelle l’État délègue à un concessionnaire la charge totale de l’infrastructure (financement, construction, exploitation et entretien) évitant ainsi au contribuable de payer impôts et taxes.
Pour le cas de l’autoroute à péage Dakar-Diamniadio, il s’agit d’une grosse arnaque contre le citoyen sénégalais. Son financement se répartit selon les éléments ci-après (Origine du financement, montants en FCFA, (Pourcentage de participation), [Part réelle de l’État/Eiffage]) :
État du Sénégal 181 500 000 000, (49,39%), [83,40%];
Banque Mondiale: 52 500 000 000, (14,29%)
BAD : 33 200 000 000, (9,03%)
AFD : 39 300 000 000, (10,69%)
EIFFAGE : 61 000 000 000, (16,6%), [16,6%]
TOTAL : 367 500 000 000, (100,00%), [100%]
Ces chiffres montrent que le contribuable sénégalais, usager ou pas, supporte en réalité presque la moitié de l’investissement (49,39%). Il révèle ensuite que l’usager, supposé rembourser les prêts (34,1%) et la participation du concessionnaire (16,6% seulement), supporte lui les 50,7% du coût de l’infrastructure.
À rappeler que les 16,6% du concessionnaire EIFFAGE ressortent du montage financier suivant, que tout consortium national aurait pu mobiliser avec le soutien de l’État :
− 20,8 milliards de Eiffage Sénégal
− 15 milliards de la BOAD
− 13,4 milliards de IFC
− 6,8 milliards de la BAD
− 5 milliards de la CBAO)
(Voir graphique)
En dépit de cette configuration du financement :
- l’usager-citoyen-contribuable, qui a financé cette autoroute par ses impôts, son péage ou ses redevances, subit une facturation exorbitante qui ne se justifie point.
Ainsi, il est obligé de payer, pour 32 kilomètres seulement, 1 400 F CFA pour les voitures et taxis, 800 F CFA pour les motos, 2 000 F CFA pour les ”cars rapides” et minibus, 2 700 F pour les autobus et camions. À titre de comparaison, l’usager de l’autoroute Casablanca-Rabat, exploitée par la Société Nationale des Autoroutes du Maroc sur 95km (le triple du trajet Dakar-Diamniadio), paye un tarif de 21 dirham, soit 1050 F CFA ; largement en deçà des tarifs du concessionnaire SENAC S.A. ».
-Le concessionnaire se taille la part du lion dans la répartition du tarif de 1 000 francs payé par l’usager, qui est réparti comme suit : 31% pour les impôts et taxes, 25% pour l’exploitation, l’entretien et le renouvellement et 44% pour l’amortissement de l’investissement.
Le plus triste est que lorsque des citoyens s’organisent pour combattre cette usure et exiger la transparence dans les revenus générés par cette autoroute, leur président « élu », coléreux, adepte des menaces futiles contre son peuple dont il n’est jamais capable de défendre les intérêts, n’a que mépris et dédain à opposer.
Le peuple sénégalais ne mérite pas ce président ! À monsieur Macky Sall, nous exigeons :
- la publication des contrats, initial et complémentaire, ainsi que celui renégocié ;
- la confirmation de l’existence (ou non) d’un protocole d’accord qui porte sur plusieurs points dont l’augmentation de 5 ans de la durée de la concession de l’autoroute à péage Dakar-Diamniadio-Aibd et la fusion des deux contrats.
Enfin, je ne saurais terminer sans rappeler que Macky Sall, qui se glorifie aujourd’hui de la hausse de la redevance domaniale de 1000 à 800 000 000 FCFA, est le principal responsable de ce pillage organisé depuis une décennie car il est signataire du contrat initial (en tant que premier ministre entre 2004 et 2007) et du contrat complémentaire (en tant que Président 2014).