Avant, lorsque des militaires arrivaient au pouvoir ils s’empressaient de déclarer qu’aucune des autorités de la transition ne pourrait se porter candidate aux élections qui seraient organisées en vue du retour à l’ordre constitutionnel. Cela suffisait pour rassurer la classe politique et les citoyens qui finissaient par accepter le coup d’État ou tout au moins s’en accommoder. Certains acteurs politiques se résolvaient même à soutenir et accompagner en toute sincérité la transition afin qu’elle soit réussie et apaisée. Mais quand toutes les personnalités, civiles ou militaires, qui conduisent la transition ne sont pas connues, l’engagement suivant lequel aucune d’entre elles ne ferait acte de candidature aux consultations électorales destinées à mettre fin à la transition, peut susciter des réserves légitimes. En effet, comment savoir avec exactitude que tel acteur ayant appartenu à un organe d’une transition ne peut être candidat dès lors qu’el n’est pas connu ? C’est une simple question de bon sens. L’identification de tous les acteurs d’une transition, loin d’être un faux débat, est un gage de confiance pour une transition débarrassée de toute espèce de suspicion. Or, il n’y a rien de moins rassurant dans une transition, que des acteurs invisibles ou inconnus des citoyens soient soupçonnés d’être ceux-là qui détiennent la réalité du pouvoir.
Par ailleurs, déclarer qu’aucune des personnalités ayant pris part à la conduite de la transition ne serait candidate aux élections organisées pour le retour à l’ordre constitutionnel ne suffit pas dès lors qu’elles ( les personnalités) posent des actes ou tiennent des propos qui peuvent être perçus ou interprétés comme une préférence pour tel ou tel potentiel candidat plus ou moins caché.
Dans les pays en transition, tous les acteurs ont souvent le souci d’une transition réussie, apaisée et inclusive. Mais le seul moyen ou le moins le plus efficace d’atteindre ce résultat est le dialogue sans calcul c’est-à-dire en dehors de toute sorte d’arrière-pensées politiques, la transparence mais aussi l’inclusion.
De nos jours, les citoyens sont arrivés à un tel niveau de maturité et d’engagement qu’il est quasiment impossible de les mystifier ou de les réduire au silence à coup de menaces ou d’intimidation. En plus, ce qui se passe dans un pays inspire forcément les citoyens d’un autre pays dans leur prise de position ou leur réaction face à une situation donnée. Les autorités qui conduisent les transitions doivent tenir compte de cette réalité afin d’éviter tout ce qui pourrait faire dérailler le train. La réussite d’une transition est sans doute de la responsabilité de tous, mais elle surtout le devoir des autorités qui ont la charge de la conduire.

Maître Mohamed Traoré avocat