A la tribune des Nations Unies samedi, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a fait état de crises qui s’intensifient et d’une situation sécuritaire internationale qui se détériore rapidement.
Au lieu d’un dialogue honnête et de la recherche d’un compromis, nous sommes confrontés « à la désinformation, à des mises en scène grossières et à des provocations », a-t-il dit dans un discours lors du débat général annuel de l’Assemblée générale des Nations Unies.
À son avis, les pays occidentaux sapent la confiance dans les institutions internationales et dans le droit international censés protéger les plus faibles contre l’arbitraire, notamment au sein des Nations Unies. « Ce qui se décide aujourd’hui est l’avenir de l’ordre mondial », a observé M. Lavrov.
Chantage et intimidation
Pour lui, la question est de savoir s’il s’agira d’un ordre avec au premier plan une puissance qui force les autres pays à vivre selon ses fameuses règles qui ne profitent qu’à elle, ou bien s’il s’agira plutôt d’un monde démocratique sans chantage ni intimidation des « indésirables ». La Russie a fermement choisi la deuxième option et, avec ses alliés, travaille à sa mise en œuvre, a-t-il lancé.
Selon le ministre, le modèle unipolaire de développement mondial, qui servait les intérêts de l’Occident au moyen des ressources de l’Asie, de l’Afrique et de l’Amérique latine, appartient au passé. Il a été remplacé par des États souverains qui défendent leurs intérêts dans le cadre d’une architecture multipolaire équitable, processus perçu par « les États-Unis et les élites dirigeantes entièrement soumises aux pays occidentaux » comme une menace à leur domination.
Il a fustigé les guerres d’agression des « maîtres du monde autoproclamés » en Yougoslavie, en Iraq et en Libye, qui ont fait des milliers victimes. « Quels sont les résultats de ces aventures? » a grondé M. Lavrov. « L’ordre fondé sur des règles de l’Occident » impose partout des lignes de démarcation et la confrontation de blocs. « La doctrine Monroe prend une dimension mondiale », a encore dit le ministre.
De même, les sanctions unilatérales et illégales, adoptées depuis des années en violation de la Charte des Nations Unies et déployées comme un instrument de chantage politique, constituent un outil de contrainte de la dissidence, a-t-il dénoncé, citant l’exemple de l’embargo contre Cuba.
Washington et Bruxelles ont exacerbé la crise actuelle en déclarant une guerre économique contre la Russie, a poursuivi M. Lavrov. Il en résulte une hausse des prix mondiaux des denrées alimentaires, des engrais, du pétrole et du gaz.
« Russophobie officielle »
Malgré l’Initiative céréalière de la mer Noire, les navires transportant des céréales ukrainiennes se rendent pour la plupart « loin des pays les plus pauvres », et les obstacles financiers et logistiques créés par les États-Unis et l’Union européenne continuent d’entraver les exportations de céréales et d’engrais russes, a assuré le ministre.
Pendant ce temps, la « russophobie officielle » a pris une ampleur grotesque et sans précédent en Occident, lequel déclare ouvertement son intention non seulement d’infliger une défaite militaire à la Russie, mais aussi de la détruire.
S’agissant de l’Ukraine, M. Lavrov a vanté le rôle de son pays dans l’arrêt des hostilités déclenchées par les « néonazis de Kiev » dans l’est de l’Ukraine, et pour exiger la mise en œuvre des accords de Minsk, approuvés à l’unanimité par le Conseil de sécurité en 2015, mais « enterrés par Kiev avec la complicité directe des États-Unis et de l’Union européenne ».
Face à la guerre du « régime de Kiev » contre son propre peuple, nous n’avons eu d’autre choix que de reconnaître l’indépendance des Républiques populaires de Donetsk et de Louhansk et de lancer une « opération militaire spéciale » pour protéger les Russes du Donbass et éliminer la menace de l’OTAN, a-t-il justifié.
M. Lavrov a dénoncé « l’hystérie » de l’Occident à propos des référendums dans les régions occupées de l’Ukraine, et blâmé la position imposée par les États-Unis au Secrétariat de l’ONU, au Conseil des droits de l’homme, à l’UNESCO et à l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), qui a été « privatisée ».
De même, le chef de la diplomatie russe a fustigé les violations par les États-Unis de leurs obligations en vertu de l’accord de siège de l’ONU, estimant que le Secrétaire général a également des responsabilités à cet égard.