Emergence – La session extraordinaire de la conférence des Chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO tenue le 22 septembre, à New York, a pris la résolution d’imposer à la Guinée des sanctions diplomatiques, économiques et financières pour contraindre la junte militaire à rectifier son tir dans le conduite de la transition.
Les sanctions envisagées sont graduelles. Elles devraient commencer par un rappel “pour consultations” des ambassadeurs accrédités auprès de la Guinée. Ensuite, elles s’étendront sur la suspension de toute assistance et transaction financière en faveur de la Guinée par les institutions financières de la CEDEAO, notamment la BIDC, selon le communiqué de la CEDEAO. Lequel communiqué poursuit en ajoutant à cette liste de sanctions déjà longues et importantes, “des sanctions ciblées à l’encontre des personnes et groupes de personnes cherchant à empêcher le retour à l’ordre constitutionnel en Guinée dans un délai raisonnable à travers le gel des avoirs financiers et l’interdiction de voyager.”
Au lendemain de ces sanctions annoncées, les proches de la junte militaire parlent d’un non-évènement. Des sanctions qui, de l’avis de ces supporters, ne sauraient avoir les effets escomptés. Pour cette opinion, la Guinée se tirerait d’affaire d’autant qu’elle dispose de sa propre monnaie, sa banque centrale et d’un port pour ses transactions commerciales.
Cependant, l’analyse de cette panoplie de sanctions sous tous les angles laisse tout de même entrevoir des conséquences non moins importantes sur le secteur des infrastructures. Sans être pour la Guinée un gros créancier de la trempe de la BID, Afreximbank Chine, la Banque européenne d’investissement, l’Agence française de développement ou encore le Fonds africain de développement, la Banque d’investissement et de développement de la CEDEAO (BIDC), reste présente en Guinée.
En ce qui concerne le secteur privé, le bras financier de l’organisation ouest-africaine intervient sur un projet de création d’une cimenterie par la société Diamond Cement Guinée SA à Kagbélén. Coût, 9,92 millions d’unité de compte, soit 14,8 millions de dollars US. La banque travaille aussi sur un projet d’implantation d’une unité de production de Clinker par la société Diamond Cement Guinée à Souguéta, dans Kindia. Là, les investissements avoisinent 16,3 millions d’unité de compte (environ 24,4 millions USD). Les sanctions économiques pourraient porter un coup dur à ces projets à fort potentiel de création d’emplois.
Ce n’est pas tout. Dans son portefeuille de projets du secteur public, la Banque d’investissement et de développement de la CEDEAO intervient sur la Phase II du Projet de réhabilitation et d’extension des réseaux électriques et du système interconnecté en Guinée dont le coût est estimé à 10,5 millions USD. Le second axe d’intervention porte aussi sur le secteur énergétique. Environ 37,8 millions USD d’investissements sont prévus pour ce Projet d’interconnexion électrique Guinée-Mali en 225 kV.
Au-delà donc des conséquences individuelles et des enjeux sur le front diplomatique, les sanctions imposées par le bloc des États de l’Afrique de l’Ouest sont loin d’être anodines et sans effets pour un pays à transition.
Samuel Camara