Joe Biden devrait reconnaître officiellement samedi le génocide arménien, une première pour un président américain, au lendemain d’un échange téléphonique avec le dirigeant turc Recep Tayyip Erdogan, qui avait mis en garde contre cette démarche.
Joe Biden devrait devenir, samedi 24 avril, le premier président des États-Unis à reconnaître le génocide arménien, au lendemain d’un appel à son homologue turc Recep Tayyip Erdogan, qui a mis en garde par avance contre toute volonté de soutenir ce qu’il dénonce comme un « mensonge ».
Le génocide arménien est reconnu par plus d’une vingtaine de pays et de nombreux historiens, mais il est vigoureusement contesté par la Turquie.
Une porte-parole du département d’État américain a évoqué vendredi une « annonce » attendue samedi sur le « génocide arménien », laissant peu de doutes sur la décision de Joe Biden qui avait promis, avant son élection, de prendre
Au téléphone avec le président turc, le locataire de la Maison Blanche a exprimé sa volonté de bâtir une « relation bilatérale constructive », selon le bref compte-rendu américain, qui évoque la nécessité d’une « gestion efficace des désaccords ».
Ankara a seulement souligné de son côté « le caractère stratégique de la relation bilatérale » et l’importance d’une « coopération plus étroite ».
Joe Biden et Recep Tayyip Erdogan sont convenus de se rencontrer en juin en marge du sommet de l’Otan à Bruxelles.
« Défendre la vérité »
Sans citer les États-Unis, le président turc avait dès jeudi adressé une mise en garde à peine voilée à Washington. Lors d’une réunion avec des conseillers, il avait prévenu qu’il continuerait à « défendre la vérité contre ceux qui soutiennent le mensonge du soi-disant ‘génocide arménien’ (…) à des fins politiques ».
Malgré des années de pressions de la communauté arménienne aux États-Unis, aucun président américain ne s’était jusqu’ici risqué à fâcher Ankara, allié historique de Washington et membre de l’Otan.
Le Congrès américain a reconnu le génocide arménien en décembre 2019 lors d’un vote symbolique, mais le président Donald Trump, qui entretenait d’assez bonnes relations avec Recep Tayyip Erdogan, avait refusé d’utiliser le mot, parlant seulement d' »une des pires atrocités de masse du XXe siècle ».
Les Arméniens estiment qu’un million et demi des leurs ont été tués de manière systématique pendant la Première Guerre mondiale par les troupes de l’Empire ottoman, alors allié à l’Allemagne et à l’Autriche-Hongrie. Ils commémorent ce génocide chaque année le 24 avril.
La Turquie, issue du démantèlement de l’empire en 1920, reconnaît des massacres mais récuse le terme de génocide, évoquant une guerre civile en Anatolie, doublée d’une famine, dans laquelle 300 000 à 500 000 Arméniens et autant de Turcs ont trouvé la mort.
La Turquie « ne se comporte pas comme un allié »
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« Nous ne devons jamais oublier ni rester silencieux sur cette horrible et systématique campagne d’extermination », avait souligné Joe Biden durant sa campagne. « Si nous ne reconnaissons pas pleinement le génocide, si nous ne le commémorons pas, si nous ne l’enseignons pas, les mots ‘plus jamais’ ne veulent plus rien dire », avait-il ajouté.
L’annonce de Joe Biden n’aura pas de portée légale, mais elle ne peut qu’aggraver les tensions avec une Turquie que le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a qualifiée de « soi-disant partenaire stratégique » qui « par de nombreux aspects ne se comporte pas comme un allié ».
Le président démocrate assure vouloir mettre la défense des droits humains au cœur de sa politique étrangère. Son gouvernement a confirmé l’accusation de « génocide » formulée dans les derniers jours de la présidence de Donald Trump contre la Chine pour la répression des musulmans ouïghours.
Avec AFP