Je dis qu’il est encore temps de revenir à la raison. Nous avons besoin de pacifier ce pays afin de se parler en personnes responsables pour envisager notre avenir dans la sérénité.
Contrairement à ce que j’entends, il n’y a pas d’un côté des mauvais guinéens et de l’autre les bons, surtout quand on sait que les uns et les autres ont, à un moment donné, été d’un côté comme de l’autre en fonction de leurs intérêts. Mais, il y a simplement les composantes d’un même peuple avec des visions divergentes.
Et le défi qui nous est posé est de réussir à s’accorder sur l’essentiel, entre nous, sans aucune intervention étrangère.
Si nous réussissons cela, ce sera le premier pas vers la construction. À défaut, tout ce qui sera édifié dans le bruit, la fureur, la peur et la méfiance, s’écroulera comme un château de cartes. L’Histoire est là pour nous le rappeler.
Disons les choses de façon très claire, il ne s’agit en aucun cas de promouvoir un retour à la funeste façon de faire de la politique qui avait cours dans le pays.
Cependant, le ras-le-bol général des esprits rationnels provoqué par le jusqu’auboutisme de la classe politique dans son ensemble, au cours de la dernière décennie, ne saurait servir de caution au maintien du pays sous soldatesque des années durant.
Les problèmes guinéens sont sérieux et complexes et leur résolution nécessite un changement profond de mentalité qui ne peut s’inscrire que dans la durée avec comme condition sine qua non, la stabilité. Il est donc illusoire de prétendre en venir à bout pendant une transition menée par une junte et son gouvernement inexpérimentés.
C’est pourquoi, j’appelle la junte militaire à savoir raison garder et à être humble dans ses ambitions afin d’éviter à notre pays de nouveaux écueils.
Le tribut payé par le peuple est déjà assez lourd. Il faut éviter les bras de fer inutiles et se concentrer sur l’essentiel, c’est-à-dire la création des conditions pour la tenue d’élections inclusives aux résultats incontestables et acceptés de tous.
Toute autre alternative au respect de l’engagement de sortie de transition en janvier 2025 serait périlleuse.
Par ailleurs, il faut éviter que la Guinée ne sorte de cette transition plus abîmée qu’elle n’y est entrée.
Au Conseil national de transition, je demande de ne pas jouer à l’apprenti sorcier en nous inventant un système qui posera plus de problèmes que de solutions, car comme nous le savons tous, en Guinée les textes en eux-mêmes n’ont jamais été le problème. Donc, en matière de constitution, nul besoin d’essayer de réinventer l’eau chaude !
Pour terminer, j’appelle chacun des organes de la transition à faire montre de modestie en se rappelant, à chaque instant, que son mandat n’émane pas du peuple souverain. Ceci permettra à coup sûr d’éviter les errements.
Puisse Dieu bénir la Guinée !
Laye BAMBA
layebamba80@hotmail.fr