La menace d’une hausse généralisée des prix agite les marchés et les économistes. Jérôme Powell, le patron de la Réserve fédérale, a cherché, hier, à calmer les inquiétudes.

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La hausse généralisée des prix est un vieux souvenir en Occident. On a presque oublié ce fléau qui grignotait les revenus dans les années 1970 et appauvrissait les ménages, confrontés à la montée du chômage. Cette flambée incontrôlée est souvent alimentée par celle des matières premières. Au XXe siècle l’étincelle avait été la crise pétrolière. Aujourd’hui, il n’y a pas grand-chose à craindre du côté du brut, puisque la faiblesse de la consommation comprime les prix du pétrole. En revanche, toutes les autres matières premières voient leur cours grimper en flèche, qu’elles soient agricoles ou minières. Dans l’industrie, il y a même des pénuries de plastique ou de semi-conducteur susceptible de faire grimper les prix des produits finis dans les prochaines semaines. Cette poussée est bien réelle mais des hausses comparables se sont déjà produites sans réveiller l’inflation. Les investisseurs redoutent surtout les effets inflationnistes du plan massif de soutien à l’économie de Joe Biden.

1 900 milliards de dollars qui seront distribués aux ménages ou aux entreprises, c’est trop ?

1 900 milliards qui s’ajoutent aux 3 700 milliards dépensés par Donald Trump, est-ce bien nécessaire s’interrogent d’éminents économistes ? Comme le très respecté Larry Summers, un « keynésien » c’est-à-dire plutôt favorable à la dépense publique. L’ancien chef économiste du FMI, le Français Olivier Blanchard, est du même avis. Pourquoi distribuer autant d’argent alors que la campagne de vaccination devrait bientôt commencer à porter ses fruits ? Alors que l’épargne des Américains est très élevée ? Cette manne, expliquent-ils, favorisera une consommation frénétique et donc la surchauffe. Quand la demande des biens dépasse l’offre disponible, les prix explosent. Le mécanisme de l’inflation est en place.

Et quelles seront les conséquences ?

Pour maîtriser cette hausse exubérante, la Réserve fédérale, la banque centrale américaine, remontera les taux d’intérêts. L’argent plus cher, c’est mauvais pour Wall Street qui baigne depuis dix ans dans l’euphorie grâce à l’argent des plans de relance, on comprend pourquoi la Bourse est fébrile. Mais c’est surtout un frein à l’économie, soit l’inverse de ce qui est recherché. Enfin, c’est une menace inquiétante pour les pays hypers endettés qui profitent tranquillement en ce moment des taux négatifs, c’est-à-dire pour les pays européens, parce que la hausse des taux américains se réplique sur les marchés européens. Cela a déjà commencé la semaine dernière.

Jerome Powell, le président de la Réserve fédérale a essayé hier de calmer ces peurs

En s’exprimant devant le Sénat, il a surtout insisté sur la nécessité de soutenir massivement l’économie américaine. De lutter contre le chômage, C’est encore sa priorité, il adhère complètement au plan Biden. Le relèvement des taux est encore lointain. Pas question d’y recourir tant que la hausse des prix n’atteint pas la barre des 2%, en ce moment l’inflation est bien en dessous, autour de 1,5%.

EN BREF

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Cela fait deux ans que l’île est en crise, la pandémie l’a accentué, le PIB a reculé de 6% en 2020. Le gouvernement prévoit des aides directes aux ménages. Le gouvernement annonce par ailleurs le début de la campagne de vaccination anti covid-19.

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Il fabriquera sur le sol européen seulement la moitié des doses qu’il doit fournir aux Vingt-Sept pour le second semestre. Une nouvelle déconvenue pour les dirigeants européens. Ils avaient été très énervés quand le groupe britannico-suédois avait annoncé qu’il ne pourrait pas livrer les doses prévues au premier trimestre faute de capacités de production suffisante en Europe.