La ministre des Finances a averti que, pour la première fois de son histoire, « l’Amérique va faire défaut » si le plafond de la dette n’est pas relevé.
La situation financière des États-Unis inquiète. Le pays aura épuisé, le 18 octobre, toutes les mesures exceptionnelles pour financer le budget du pays si le plafond de la dette n’est pas relevé, a alerté mardi 28 septembre Janet Yellen, la secrétaire au Trésor, alors que le bras de fer sur le financement des plans Biden continue au Congrès.
« Il est impératif que le Congrès règle rapidement la limite de l’endettement. Si ce n’est pas le cas, l’Amérique va faire défaut pour la première fois dans l’histoire », s’est alarmé Janet Yellen, devant la Commission bancaire du Sénat. Dans une lettre également envoyée au Congrès, la ministre des finances de Joe Biden a averti s’attendre « à ce que le Trésor se retrouve avec des ressources très limitées qui s’épuiseraient rapidement » après la date du 18 octobre.
Conséquences « désastreuses »
Devant les sénateurs, elle a mis en garde contre les conséquences « désastreuses » pour l’économie américaine d’un défaut de paiement américain, jamais intervenu dans l’histoire. « Il n’est pas certain que nous puissions continuer à respecter tous les engagements de la Nation », a indiqué Janet Yellen. Le gouvernement ne pourrait plus emprunter, payer ses factures ni les salaires des fonctionnaires.
Le pays s’étant déjà retrouvé dans une situation similaire d’impasse de la dernière heure, « nous savons qu’attendre jusqu’à la dernière minute peut nuire gravement à la confiance des entreprises et des consommateurs, augmenter les coûts d’emprunt pour les contribuables et avoir un impact négatif sur la notation de crédit des États-Unis pour les années à venir », a encore rappelé la responsable.
Perturbation sur les marchés
Si le plafond de la dette n’est pas rapidement relevé ou suspendu, cela pourrait aussi conduire à « des perturbations importantes sur les marchés financiers », a-t-elle averti. Mardi, Wall Street chancelait, le Dow Jones perdant 1% et l’indice Nasdaq plus de 2%, alors que les taux obligataires sur les bons du Trésor, qui évoluent à l’inverse du prix des obligations, se tendaient nettement.
Les démocrates ont pour l’instant associé la suspension du plafond de la dette à l’adoption du nouveau budget du gouvernement fédéral, que le Congrès a normalement jusqu’à jeudi soir, minuit, pour approuver s’il veut éviter que les fonds publics ne soient soudainement coupés. Mais les républicains s’opposent catégoriquement à la suspension du plafond de la dette car cela reviendrait, disent-ils, à donner carte blanche à Joe Biden pour ses plans « irresponsables ».
Un premier texte budgétaire a ainsi échoué au Sénat lundi soir faute de soutien républicain. Le scénario le plus probable est désormais que les démocrates revoient leur copie en ôtant la suspension du plafond de la dette du projet de loi budgétaire, ce qui devrait permettre de réunir assez de voix pour approuver une extension du budget avant vendredi. Ils pourraient en parallèle tenter une nouvelle fois d’obtenir le soutien des républicains pour suspendre le plafond de la dette.
Bras de fer
Mais compte tenu de l’opposition du clan adverse, il est probable que les démocrates soient forcés au final de le suspendre en comptant sur leurs seules voix, grâce à une manoeuvre parlementaire compliquée. La limite d’endettement des États-Unis, que seul le Congrès a la prérogative de relever, est entrée en vigueur le 1er août. Elle interdit aux États-Unis d’émettre de nouveaux emprunts pour se financer si le plafond actuel de 28.400 milliards de dollars n’est pas rehaussé.
Ce relèvement fait régulièrement l’objet de bras de fer politiques au Congrès. Depuis les années 1960, le plafond de la dette a été relevé ou suspendu quelque 80 fois. Sous l’administration Obama, l’impasse politique au Congrès avait conduit l’agence de notation Standard and Poor’s à retirer la note « AAA » à la dette américaine, provoquant une onde de choc sur les marchés.