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Afrique : un continent évacué à Paris

“Le chemin de l’enfer est pavé de bonnes intentions” (proverbe)

Toute honte bue, ils comptent sur le sommet, prétendument organisé par la France pour résorber leurs besoins de financements, pour sauver leur peau. Aucun d’eux ne semble réaliser qu’ils sont tous à la merci d’un pays qui rêve de se servir de leurs malheurs pour se refaire une santé géopolitique, se donner bonne contenance dans un monde en restructuration, mais d’abord pour apporter le tonus qui lui manque à sa propre économie.

On ne peut dès lors résister à l’allégorie. Comme les officiels africains qui se font traiter dans les hôpitaux étrangers par déficit d’infrastructures sanitaires chez eux, c’est l’économie du continent, elle-même, qui se retrouve en réa (nimation), atteinte de la pandémie du Covid mais sous sa forme financière et économique aigüe, que le monde entier tente de sauver. Sous la supervision de l’infectiologue Emmanuel Macron.

La situation est trop grave pour qu’accourent au chevet du continent des urgentistes venus de partout dans le but de le tirer de l’issue fatale qui le guette.

L’espoir est hélas mince et la thérapie mauvaise, nombreux étant les observateurs qui n’attendent que le sort de ces dirigeants rentrant dans des corbillards après avoir été évacués, à des coûts exorbitants, sur les routes du tourisme hospitalier symbolisant la disette sanitaire qu’ils ont créée derrière eux, à domicile.

Docteur Macron, malgré son zèle, ne peut masquer sa solitude dans son projet de sauvetage d’une Afrique comptant plus de 50 pays et présentant tous les signes cliniques d’une mort imminente, quasi inévitable, à l’article de soins palliatifs pour prolonger temporairement son existence.

Ni les présidents américain, chinois (surtout) détenteur de la plus grande part de la dette africaine, ni ceux de Russie ou de Turquie, acteurs importants s’il en est dans la nouvelle géopolitique continentale, ni la chancelière Allemande qui s’étonne qu’un autre Plan Marshall africain puisse être conçu à Paris alors que le sien peine à décoller, ne seront de la partie.

Seuls 17 chefs d’Etats africains, principalement les mêmes qui aiment se faire voir dans ce genre de festivals, montreront leurs tronches sur les bords de la Seine où ils tiendront le même discours, de mendicité, qu’ils ont fini par faire de leur rhétorique officielle.

Après avoir endetté leurs pays dans des projets d’infrastructures corrupteurs, notamment sur des infrastructures physiques improductives et d’enrichissement de leurs acolytes, ce qu’ils viennent demander, c’est donc, sans l’aval des peuples, l’annulation de ces dettes odieuses afin de mieux en générer de nouvelles pour se remplir derechef les poches.

Le cycle est vicieux. Puisque le Sommet dit du financement des économies africaines, convoqué à l’initiative ‘un Macron sur la défensive dans son pays, n’est rien d’autre qu’un vaste marché de dupes.

Au final, en tentant de pousser les bailleurs de fonds bilatéraux et multilatéraux de l’Afrique à effacer une partie des dettes contractées par d’imprudents gestionnaires africaines, avec l’aide de ses entreprises nationales, bénéficiaires, telle Alsthom avec son TER qui ne décolle pas, Macron veut leur donner un nouvel espace pour se ré-endetter juste pour redonner des projets aux firmes françaises voire européennes.

C’est d’un blanchiment d’argent qu’il s’agit. On est loin des annulations de dettes souveraines portées au moment de l’avènement de ce siècle par des mouvements citoyens, au nom d’un Jubilé rédempteur, et dont le point d’orgue fut la décision du Sommet du G7 à Gleeneagles, en 2005, d’annuler les créances multilatérales dues par des pays africains. Venant à la suite de programmes novateurs, comme celui sur les pays très endettés (PPTE), cette action salvatrice avait donné à croire que l’Afrique pouvait rebondir en relançant ses capacités de financement de son économie.

Le Soudan, avec une dette insoutenable de 50 milliards de dollars, et tous les pays africains, à genoux, vont à Canossa, à Paris.

Toute honte bue, ils comptent sur le sommet, prétendument organisé par la France pour résorber leurs besoins de financements, pour sauver leur peau. Aucun d’eux ne semble réaliser qu’ils sont tous à la merci d’un pays qui rêve de se servir de leurs malheurs pour se refaire une santé géopolitique, se donner bonne contenance dans un monde en restructuration, mais d’abord pour apporter le tonus qui lui manque à sa propre économie.

On ne peut dès lors résister à l’allégorie. Comme les officiels africains qui se font traiter dans les hôpitaux étrangers par déficit d’infrastructures sanitaires chez eux, c’est l’économie du continent, elle-même, qui se retrouve en réa (nimation), atteinte de la pandémie du Covid mais sous sa forme financière et économique aigüe, que le monde entier tente de sauver. Sous la supervision de l’infectiologue Emmanuel Macron.

La situation est trop grave pour qu’accourent au chevet du continent des urgentistes venus de partout dans le but de le tirer de l’issue fatale qui le guette.

L’espoir est hélas mince et la thérapie mauvaise, nombreux étant les observateurs qui n’attendent que le sort de ces dirigeants rentrant dans des corbillards après avoir été évacués, à des coûts exorbitants, sur les routes du tourisme hospitalier symbolisant la disette sanitaire qu’ils ont créée derrière eux, à domicile.

Docteur Macron, malgré son zèle, ne peut masquer sa solitude dans son projet de sauvetage d’une Afrique comptant plus de 50 pays et présentant tous les signes cliniques d’une mort imminente, quasi inévitable, à l’article de soins palliatifs pour prolonger temporairement son existence.

Ni les présidents américain, chinois (surtout) détenteur de la plus grande part de la dette africaine, ni ceux de Russie ou de Turquie, acteurs importants s’il en est dans la nouvelle géopolitique continentale, ni la chancelière Allemande qui s’étonne qu’un autre Plan Marshall africain puisse être conçu à Paris alors que le sien peine à décoller, ne seront de la partie.

Seuls 17 chefs d’Etats africains, principalement les mêmes qui aiment se faire voir dans ce genre de festivals, montreront leurs tronches sur les bords de la Seine où ils tiendront le même discours, de mendicité, qu’ils ont fini par faire de leur rhétorique officielle.

Après avoir endetté leurs pays dans des projets d’infrastructures corrupteurs, notamment sur des infrastructures physiques improductives et d’enrichissement de leurs acolytes, ce qu’ils viennent demander, c’est donc, sans l’aval des peuples, l’annulation de ces dettes odieuses afin de mieux en générer de nouvelles pour se remplir derechef les poches.

Le cycle est vicieux. Puisque le Sommet dit du financement des économies africaines, convoqué à l’initiative ‘un Macron sur la défensive dans son pays, n’est rien d’autre qu’un vaste marché de dupes.

Au final, en tentant de pousser les bailleurs de fonds bilatéraux et multilatéraux de l’Afrique à effacer une partie des dettes contractées par d’imprudents gestionnaires africaines, avec l’aide de ses entreprises nationales, bénéficiaires, telle Alsthom avec son TER qui ne décolle pas, Macron veut leur donner un nouvel espace pour se ré-endetter juste pour redonner des projets aux firmes françaises voire européennes.

C’est d’un blanchiment d’argent qu’il s’agit. On est loin des annulations de dettes souveraines portées au moment de l’avènement de ce siècle par des mouvements citoyens, au nom d’un Jubilé rédempteur, et dont le point d’orgue fut la décision du Sommet du G7 à Gleeneagles, en 2005, d’annuler les créances multilatérales dues par des pays africains. Venant à la suite de programmes novateurs, comme celui sur les pays très endettés (PPTE), cette action salvatrice avait donné à croire que l’Afrique pouvait rebondir en relançant ses capacités de financement de son économie.

On sait ce qu’il en advint. En moins de 15 ans, le miraculé africain est retombé dans un coma financier encore plus profond. Et se retrouve, sébile en mains, pour espérer recevoir le vaccin qui le sauverait d’une mort inéluctable.

Que ce sommet soit initié par la France ou qu’elle dicte au FMI de libérer les droits de tirages spéciaux des pays africains en plus de donner à ceux qui sont sous sa coupole linguistique les avoirs financiers (une avance de 5 milliards d’Euros) qu’ils détiennent à la banque de France au titre d’une coopération néo-coloniale, sont autant d’indices qu’hélas le continent reste le bébé qui ne grandit pas, se contentant d’attendre son baby-sitter, n’importe lequel, cette fois-ci français, pour recevoir le lait qui lui manque parce que ses propres géniteurs sont invisibles, ne répondent pas à l’appel de leur devoir.

C’est honteux que ce soit Paris, capitale d’un pays en voie de sous-développement, qui joue à la mère Teresa, sans en avoir les moyens ni la légitimité, ni la crédibilité, simplement parce qu’elle a su se montrer opportuniste en constatant le degré d’irresponsabilité des moutons de Panurge qui trônent dans les lieux de décisions publiques, au cœur des Etats, du continent.

Trente-ans plus tôt, en 1992, ’Amérique latine avait eu un traitement plus digne, parce que fruit d’un débat collectif. On s’en souvient. Le contexte était plus lourd que celui que connaît aujourd’hui l’Afrique et les dirigeants latino-américains plus actifs, impliqués. Ils avaient, comme ceux d’Afrique, beaucoup à se reprocher. Par leur abandon, ils s’étaient enivrés des pétrodollars recyclés par les banques américaines à la suite des surplus d’épargnes des pays arabes engrangés par les pétromonarchies arabes consécutivement aux retombées de deux chocs pétroliers, pendant la précédente décennie. Surendettée, avant même la crise du Peso Mexicain deux ans plus tard, l’Amérique latine dut compter sur la communauté internationale pour retrouver des capacités de financements de ses économies.

Ce fut un plan novateur, autour des Brady Bonds (obligations Brady, du nom de l’alors Secrétaire US au Trésor), dit du Plazza, l’hôtel New-Yorkais, où il fut mis au monde, qui permit le rachat-recyclage des dettes des pays de l’hémisphère occidental.

Depuis lors, l’Amérique latine, par des efforts d’intégration économique et de redéfinition d’une stratégie d’autonomisation, sans revenir aux stratégie d’importation substitution pour l’industrialisation qu’elle pratiquait, tente de garder la haute-main sur sa souveraineté. Elle n’est sans doute pas encore sortie de ses démons d’une gestion approximative et Olé Olé de ses économies, comme l’attestent la crise Argentinienne de 2001 et l’écroulement de l’économie de la redistribution Brésilienne, corrompue par Lula et ses acolytes politiciens avant de recevoir le coup de massue du populiste Bolsonero, mais qui peut nier le fait qu’elle se fait respecter ?

Tel n’est pas le cas de l’Afrique, sommée de se présenter à Paris, et qui y arrive divisée et fragilisée. Le tiers à peine de ses Etats y sont. Et nul ne doute qu’en laissant à la France l’initiative d’organiser, selon ses propres intérêts, un tel évènement, elle se ridiculise sous les yeux d’un monde qui est informé à la seconde de ce qui se passe par une nouvelle technologie absente des crises souveraines du passé.

Les mesurettes qui en sortiront n’auront qu’un seul avantage pour les participants africains. C’est de pouvoir pousser la chansonnette en se vantant, comme des gamins, d’avoir contribué à l’annulation des dettes de leurs pays. Sans réaliser que ce faisant ils se sont fermés les voies d’accès aux financements massifs mais vertueux qui ne vont que vers des destinations indemnes du risque de défaut ou d’incapacité à payer ce qu’elles empruntent. Dans cette horde de minables qui vont entonner le chant triomphal, on peut compter sur le Pavarotti Sénégalais. Comme lui, beaucoup de dirigeants africains, que Docteur Macron, l’Eric Raoult de l’économie africaine, a promis de sauver du Covid-Economie.

Ce sommet est du mercurochrome appliqué à un patient atteint d’un cancer en phase quasi-terminale. Ne le répétez pas trop fort. Ils s’imaginent entre les mains d’un sauveteur bienveillant alors qu’il s’agit d’un voleur qui profite de leur faiblesse pour les dépouiller de ce qui reste de leur coffre-fort…

Comme les officiels africains qui sont évacués sanitairement vers les hôpitaux étrangers, Occidentaux pour l’essentiel, c’est donc un continent inconscient qui ne pourra pas deviner ce que son infectiologue fera de son corps affaibli pendant que ses contaminateurs se contenteront de jouer les utilités sur les bords de la Seine.

En réalité, le fait est trop inédit pour ne pas être relevé; l’Afrique se fait recoloniser en territoire étranger avec son assentiment.

* Adama Gaye,
Opposant en exil du régime de Macky Sall