Aussi grave que soit l’infraction reprochée à un citoyen, des règles sont prévues pour l’arrêter, le détenir, le juger et le condamner. Avec tous les moyens dont dispose l’État, il ne lui coûte absolument rien de se conformer à ces règles. Sa respectabilité et sa crédibilité en dépendent.
Même l’avant-projet de constitution tant vantée et dont certains disent pompeusement et très naïvement qu’elle va « résister au temps et à la tentation des hommes » dispose en son article 10 alinéa 2 que » Nul ne peut être poursuivi, arrêté, gardé à vue, inculpé, détenu, jugé ou condamné qu’en vertu et selon les formes prévues par une loi antérieure aux faits qui lui sont reprochés. »
Pourquoi instaurer des règles et faire tout le contraire de ces règles ? Pourquoi consacrer des principes auxquels on ne croit pas et qu’on foule aux pieds à la moindre occasion ?
Les organisations de défense des droits de l’homme, le Barreau et les militants des droits de l’homme de manière générale ne doivent pas se lasser d’appeler au respect de la loi car c’est elle et elle seule qui protège tout le monde y compris les « puissants » d’un moment.
Celui qui pense être puissant aujourd’hui en raison de sa position peut perdre demain cette puissance.
Comme le rappelait un ancien Premier ministre sénégalais se fondant sur un verset coranique, l’être humain n’a que l’usufruit de puissance ; la puissance elle-même n’appartient qu’à Dieu.
C’est lorsqu’on perd sa position et tout ce qui s’y rattache comme privilèges et avantages qu’on se rend compte souvent de l’intérêt du respect de la loi. Malheureusement, on est très peu audible à ce moment précis, étant entre les mains et à la merci d’autres qui se croient eux- aussi puissants.
Les avocats sont bien placés pour connaître la situation de dirigeants (civils et militaires) qui, à une certaine époque, se sont crus puissants et intouchables, et dont le destin a pris une tournure peu souhaitable un jour à la suite d’un changement de régime ayant occasionné des démêlés judiciaires pour eux.
Des affaires judiciaires célèbres qui ont captivé l’attention de tous les Guinéens nous rappellent si besoin était que la puissance est éphémère et qu’il vaut mieux faire de la loi la boussole qui oriente toutes nos démarches et actions.
Quel que soit le délit ou le crime dont se serait rendu coupable Marouane Camara, il faut veiller impérativement à ce que ses droits soient respectés. C’est la même exigence que l’on pourrait formuler pour tout citoyen qui se retrouve dans la même situation que lui.
Me Mohamed Traoré
Ancien Bâtonnier