La lecture du dernier numéro de ” Jeune Afrique” laisse apparaître clairement aujourd’hui que le but du changement de constitution en Guinée était tout simplement d’empêcher Cellou Dalein Diallo ou Sydia Touré d’accéder au pouvoir sous le prétexte qu’ils auraient causé ou contribué au retard de la Guinée. Les motifs de ce projet étaient donc plus personnels que juridiques et relevaient d’une simple volonté de nuire à des adversaires politiques. Le but n’était nullement de faire progresser la démocratie à travers une nouvelle constitution.

 

Nul ne pouvait imaginer qu’une procédure de changement de constitution pouvait être engagée, avec tous les risques de violences qu’elle comportait , dans le seul et unique but de faire obstacle à l’accession au pouvoir d’adversaires politiques. C’est comme si ces derniers n’étaient pas des Guinéens ou n’avaient pas les aptitudes requises pour diriger le pays.

 

Beaucoup avaient parlé d’une supercherie ou d’une imposture relativement au projet visant à faire remplacer, sans aucune raison objective, la constitution de 2010 par un nouveau texte.
Cest très malheureusement le cas.

 

Une année après le référendum sanglant du 22 mars 2020, la vérité commence à se frayer un chemin. L’ épaisse obscurité qui entourait cette entreprise de changement de constitution tend à se dissiper. Les vrais mobiles qui sous-tendaient le projet commencent à déchirer le tissu de mensonges qui l’enveloppaient.

 

Ceux qui disent qu’en Guinée, l’adversité politique est finalement devenue de la haine n’ont pas tout à fait tort. Si la volonté des citoyens exprimée a travers les urnes était au moins respectée, on pouvait espérer que les désirs d’un seul homme, fut-il le Président de la République, ne pouvait engager le pays dans une situation aux antipodes de l’intérêt général.

 

Mais celui ou ceux qui pensent pouvoir empêcher des opposants d’arriver au pouvoir savent-ils au moins de quoi est fait l’avenir ? Les voies de Dieu sont impénétrables.

 

Les citoyens guinéens devraient être les seuls à choisir, à l’issue d’un processus électoral libre, juste et transparent ceux d’entre eux qui sont aptes à les diriger, que ces derniers soient honnêtes ou malhonnêtes, qu’ils soient des hommes vertueux ou des individus peu recommandables. Libre aux Guinéens de choisir qui ils veulent pour présider aux destinées de leur pays. Personne n’a le droit de se substituer à eux pour faire des choix à leur place.

 

La Guinée n’est la propriété privée de personne.

 

Me Mohamed Traoré