Les actions de la CRIEF qui étaient exclusivement orientées contre les anciens dignitaires du régime déchu prennent désormais une toute orientation. D’ailleurs, on a eu l’impression qu’être ancien très proche collaborateur d’Alpha Condé jusqu’au coup d’Etat, dont le règne a pourtant duré plus d’une décade, et nourrir des ambitions de reconquête du sésame perdu, étaient la circonstance aggravante constitutive des crimes économiques imputés à Dr Diané, Kassory Fofana et aux autres.

Bizarrement, l’opinion publique permissive face à cette caricature, trouvait cela presque normal.

Il a donc fallu qu’une convocation disruptive, quasi inattendue d’un homme entouré d’un grand mythe s’y glisse, pour changer cette conception normative des poursuites.

De toute évidence, l’annonce de la convocation du Président de l’UFDG, Cellou Dalein Diallo a monopolisé l’attention, focalisé les débats au point d’éclipser le séjour à l’allure de villégiature à l’intérieur du pays de tout le gouvernement, à l’absence du Président de la république qui a faussé compagnie à son équipe. La convocation passe aussi sous silence les 100 jours du CNT dont les dirigeants voulaient profiter de l’occasion pour restaurer une caricature qui leur colle à la peau depuis la mise en place de l’institution.

La CRIEF repousse toutes les limites pour être une véritable broyeuse. Elle peut aider, si non aide au renouvellement de la classe politique cher aux militaires en pouvoir. Ces derniers ne cachent d’ailleurs pas leur phobie pour une génération d’anciens politiciens qui ont marqué les esprits d’une manière ou d’une autre.

L’heure a sonné pour le moment tant redouté qui a amené quelques rares fois des militants de partis dont les leaders n’étaient pas concernés par la traque d’édulcorer leur enthousiasme de voir les autres s’y faire trimballer. Donc de douter.

Cellou devant la CRIEF pour un procès pour l’histoire et pour la postérité va très vite déclencher les véritables joutes politiques, qui pourraient aussi éventuellement très vite muter. La sérénité de la transition vient d’être ainsi mise en cause. Pour cause, l’obsession de punir tout le monde et la prétention de réussir là ou les prédécesseurs ont échoué pour être un homme de l’histoire. Le discours du Premier Ministre à N’zérékoré ne fait l’ombre d’aucun doute de la détermination de l’exécutif à écraser tout ce qui s’opposera à sa volonté de mener à souhait la transition. Demander aux jeunes de refuser de mourir pour quelqu’un d’autre, au visa d’une interprétation lucide, appelle aux répressions meurtrières dont le pays est coutumier.

Déjà, les réseaux sociaux ajoutent une ultime couche de tension. Les commentaires sont volcaniques et incitatifs d’un clash.

Dans tout cela, la CRIEF ne semble pas prendre la mesure. Et son procureur, le Dieu proclamé de cette juridiction spéciale, qui a un « droit de prison et de liberté sur les prévenus », peu importe, avec un pouvoir sans limite , qui s’exerce sur tout le territoire national est bien confortable dans son rôle qui n’est pas insoupçonné d’abus et parfois d’ignorance de la pratique du droit , regrettent les avocats constitués par les locataires de luxe de l’étoile 5 étoile de Coronthie.

Qui pour arrêter la machine à broyer et faire baisser dans le pays la tension sans casser le thermomètre ? La réponse est indispensable pour avoir une transition apaisée.

 

Mognouma Cissé In Djoma Media